La Bibliothèque grise



« La Bibliothèque grise — abstract »
L’Adresse du Printemps de sep­tembre, Toulouse, du 23 novembre 2019 au 28 février 2020


Pour L’Adresse du Printemps de sep­tembre, Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar pro­posent un dis­po­si­tif de lec­ture qui rend acces­sible aux visi­teurs une por­tion réduite de La Bibliothèque grise. Le choix des livres et de l’image pro­po­sés au sein de ce dis­po­si­tif résulte d’un inté­rêt pour l’histoire de la lec­ture — notam­ment pour les pra­tiques de lec­ture popu­laires — à par­tir duquel s’entrecroisent d’autres ques­tion­ne­ments liés à la péda­go­gie ain­si qu’aux liens entre nour­ri­ture et savoirs.

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À par­tir d’une pos­ture d’i­gno­rants curieux, en pro­cé­dant par lec­tures croi­sées, et à tra­vers de nom­breuses col­la­bo­ra­tions, Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar explorent des domaines hété­ro­clites, orga­ni­sés selon cinq axes de lec­ture et de tra­vail. Ces axes sont asso­ciés à une codi­fi­ca­tion chro­ma­tique ins­pi­rée d’une adap­ta­tion sco­laire de la clas­si­fi­ca­tion déci­male de Dewey en usage dans de nom­breuses biblio­thèques. Un poly­èdre en céra­mique, réa­li­sé par Sandra Foltz (Digna Robert #6, 1565, 2018), réin­ter­prète ce code cou­leur trans­po­sé à La Bibliothèque grise : Une his­toire de la lec­ture (noire) ; Enseigner et apprendre, arts vivants (orange) ; Une chambre à soi (mar­ron) ; La parole man­gée (bleu) ; Comment habi­ter la terre (vert) .
Une image expo­sée repro­duit un abé­cé­daire issu d’un manuel de la Bibliothèque bleue des­ti­né à l’ap­pren­tis­sage de la lec­ture. Sa pré­sence fait écho à l’infinité des choses qui peuvent être dites, écrites ou lues. Cette double page, comme pour tout manuel, ini­tie une dyna­mique de trans­mis­sion des savoirs. Le mode de dif­fu­sion de ces ouvrages de la Bibliothèque bleue, par col­por­tage, par­ti­cipe à cet enga­ge­ment. La sin­gu­la­ri­té de ce phé­no­mène édi­to­rial a for­te­ment mar­qué et influen­cé les orien­ta­tions de la Bibliothèque grise. 

Au cours de cette expo­si­tion, un cycle d’ar­pen­tage est pro­po­sé autour des deux tomes du livre L’invention du quo­ti­dien de Michel de Certeau, Luce Giard et Pierre Mayol. L’arpentage est une pra­tique d’é­du­ca­tion popu­laire consis­tant à lire et à dis­cu­ter des ouvrages de façon col­lec­tive, pour décou­vrir, par­ta­ger et s’approprier les savoirs. Concrètement, l’arpentage consiste à se répar­tir la lec­ture d’un livre, dont les frag­ments sont lus indi­vi­duel­le­ment avant d’en débattre de manière cri­tique en groupe.
À la croi­sée de plu­sieurs sciences humaines et sociales, L’invention du quo­ti­dien ana­lyse en quoi les usa­gers, loin d’être pas­sifs et alié­nés, pro­duisent des lan­gages qui leur sont propres à tra­vers la manière dont ils s’approprient les pro­duits, les espaces, et les images qui leur sont pro­po­sés ou impo­sés. Les tac­tiques qu’ils uti­lisent relèvent de la ruse, du bra­con­nage ou du bri­co­lage. C’est à tra­vers ces « arts de faire » que les usa­gers inventent le quo­ti­dien, en lisant, par­lant, mar­chant, habi­tant, cui­si­nant, per­ru­quant, etc.
L’exposition a éga­le­ment été l’oc­ca­sion d’une invi­ta­tion à la cher­cheuse Dominique Dupart pour une confé­rence inti­tu­lée « Des lec­tures ouvrières (1840–1851) ».

Remerciements

Anne-Laure Belloc, Aurore Clavier, Dominique Dupart, Louise Turner, col­lec­tif La Volte.